Biographie de Chasja Moinet suite
L’identité retrouvée de Chasja Moinet
Le Conseil municipal a récemment rectifié une erreur d’orthographe concernant deux Angériens morts en déportation : François et Chasja Moinet
Chasja Moinet avec son fils Jacques, le père de Sabine
Chasja et Francois-Moinet avec leur fils Jacques
© Crédit photo : Collection privée Sabine Moinet
Habitué aux polémiques entre élus, le petit public qui assiste aux séances du Conseil municipal dans le salon d’honneur de l’hôtel de ville a été ému le 9 novembre dernier. Une délibération a renvoyé tout le monde aux heures les plus noires de notre histoire.
« Cette délibération est à nouveau l’occasion de rendre hommage aux femmes et aux hommes de Saint-Jean-d’Angély qui ont sacrifié leurs vies dans cette période trouble… qui ne doit pas se reproduire », a déclaré Cyril Chappet, premier adjoint au maire. C’est Sabine Moinet, une Parisienne, qui est à l’origine de ce moment d’émotion.
Une rue porte le nom de ses grands-parents, décédés dans les camps d’extermination nazis.
Plaque de la rue dédiée à Chasja et Francois Moinet à Saint Jean d'Angely
Orthographe erronée
C’est en regardant de nouveau sur Internet que Sabine Moinet a découvert que le prénom de sa grand-mère était mal orthographié sur les documents urbanistiques ou touristiques (la délibération du 9 novembre rectifie cette erreur). Le nom « Chasta » était indiqué. Mais la grand-mère de Sabine se prénommait en fait Chasja (prononcer Hassia). « Née en 1907 à Riga, en Lettonie, explique sa petite-fille, c’est en visitant la France au début des années 1930, qu’elle a rencontré puis épousé mon grand-père François Moinet. » Pharmacien, il possédait une officine (qui existe toujours) au 25 de la rue Gambetta à Saint-Jean-d’Angély.
Une rue porte le nom de ses grands-parents, décédés dans les camps d’extermination nazis. « Je suis venue à Saint-Jean-d’Angély avec mon fils il y a une douzaine d’années pour lui montrer la rue qui porte le nom de ses arrière-grands-parents, comme ils n’ont pas de sépulture… Nous nous sommes pris en photo devant la plaque, nous étions très fiers. »
Parce qu’elle était juive, Chasja a dû fuir en 1944 la cité angérienne pour se réfugier à Tarbes (Hautes-Pyrénées). C’est là-bas qu’elle sera arrêtée sur dénonciation, puis transférée à Drancy.
Apaisée
Elle fera partie du convoi du 31 juillet 1944 vers Auschwitz, d’où elle ne reviendra pas. Son époux François, résistant dans le groupe Georges Texier, sera arrêté le 17 mars 1944 à 5 heures du matin par la Gestapo (1). Il décédera dans le camp de Bergen-Belsen le 15 mars 1945. En 1945, alors qu’on attendait son retour, François Moinet fut élu conseiller municipal de Saint-Jean-d’Angély. Sabine en convient?; elle ne se remet « pas de cette histoire ». Ravivée par la lecture cet été du livre « Les Disparus » de Daniel Mendelsohn (éditions J’ai lu) et par l’ouverture d’un coffret en métal récupéré récemment. « Il appartenait à mon père, Jacques, né en 1936 et caché pendant la guerre. Il contenait tous les documents qui lui restaient de ses parents », confie Sabine Moinet.
Cette démarche entreprise, elle se sent un peu apaisée « d’avoir pu rendre une identité à ma grand-mère que j’aurais dû connaître. J’ai la sensation d’avoir fait quelque chose pour mes grands-parents et pour mon père ». « C’est aussi très émouvant d’aller au Mémorial de la Shoah à Paris et de voir son nom écrit », conclut Sabine Moinet.
(1) On trouve la description de son arrestation dans le livre « Saint-Jean sous la botte » édité par l’Angérien libre.
Plaque commemorative en mémoire du résistant Georges Texier chef-du-réseau-ocm.
Présentation du projet Européen Convoi 77
Association des parents et amis des déportés du convoi 77 Mémorial de la Shoah
https://www.sudouest.fr/2016/11/30/l-identite-retrouvee-d
Date de dernière mise à jour : Mar 29 déc 2020