Georges Simenon
Georges Simenon
Sur les traces de Simenon: à côté de la guerre
Publié le 10/08/2019 à 15h50 par Luc Bourrianne.
Pour Michel Carly, « Georges Simenon a seulement été imprudent car il voulait gagner autant d’argent en temps de guerre qu’en temps de paix. Il a donc signé des contrats avec la presse contrôlée par les nazis. »Photo Archives/ Documentation « Sud Ouest »
Durant l’Occupation, qu’il a vécue en Vendée, Georges Simenon a continué d’écrire et de faire des affaires. Deux de ses biographes, Michel Carly et Pierre Assouline, ont des visions divergentes sur cette période.
C’est en Charente-Maritime que la guerre cueille Georges Simenon. Elle le renvoie d’abord à sa Belgitude. En mai 1940, la Belgique est envahie. « À Nieul, Simenon n’attend plus que son pays l’appelle. La mobilisation générale ayant été décrétée, il retrouve à grand-peine son livret militaire mais pas son uniforme. Qu’à cela ne tienne : il le remplace par sa tenue d’équitation à laquelle il donne un petit air martial avec un peu d’imagination. Puis il gagne Paris », écrit Pierre Assouline dans la biographie…
https://www.sudouest.fr/2019/08/10/a-cote-de-la-guerre-6430663-1391.php
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Ici vécut Georges Simenon
Publié le 25/01/2013 à 0h00 par thomas brosset .
Il y a quatre-vingts ans Simenon résidait à La Richardière. Un domaine que l’actuelle propriétaire entrouvre aux artistes.
Ouatées de moquette épaisse, garnies de boiseries anciennes, deux pièces de vie se répondent dans un rez-de-chaussée cosy où l’on sent la patte de la propriétaire des lieux, Jane Anne. Elle parle avec un délicieux accent british que les années à La Richardière commencent doucement à effacer. Dans l’une de ces deux pièces, celle qui donne sur les grands arbres, Georges Simenon écrivait. Mais Jane n’aime pas en parler. « Il a passé trois années ici. Moi, j’y suis depuis vingt-sept ans. ».Une cuisine toute bleue et un escalier étroit qui monte aux chambres. Elle n’en montre pas plus. « Ici, c’est ma vie privée ». Dont acte.Mais mine de rien, on ne peut s’empêcher d’imaginer qu’ici l’un des plus grands écrivains du siècle dernier et sans doute le plus fécond a mangé, dormi, reçu ses amis, imaginé et écrit ses histoires. Ici, Tigy Simenon, son épouse, a peint. Ici Boule a joué le rôle de cuisinière et de maîtresse à ce boulimique de la séduction.
Source d’inspiration
« Ce lieu a une âme. Il est source d’inspiration et de contemplation », affirme Jane Anne. Et elle ne parle pas spécialement de Simenon mais des poètes, des peintres, des photographes à qui elle ouvre les grilles de la propriété depuis 2009. La propriété de La Richardière à Marsilly, ancienne demeure seigneuriale édifiée en 1489, est composée d’une maison de maître avec une tour ronde, des dépendances autour d’une cour d’honneur, un grand parc avec une mare. Autrefois, le domaine s’étendait sur 50 hectares avec un moulin, des vignes, des terres labourables et un grand bois. Celui-là même où Georges Simenon éleva ses deux loups dont il dut se débarrasser. Le voisinage n’appréciait qu’à moitié. Aujourd’hui, les terres ont été divisées entre différents propriétaires et Jane Anne n’a conservé qu’un hectare où, quand le temps le permet, elle peut inviter les artistes à venir se ressourcer dans la verdure.
« J’ai eu envie d’ouvrir ce site au public pour partager les richesses intérieures qu’il apporte. Dans ce monde de plus en plus virtuel où l’on se coupe de l’humain, des arts et de la culture, bénéficier d’un tel lieu est un privilège que je souhaite partager. Mais un privilège onéreux. » Jane chauffe la demeure et toutes ses dépendances où elle a fait installer un studio photo, un atelier de peinture, un lieu d’exposition, une salle de yoga…
Dans ces mêmes dépendances où, il y a quatre-vingts ans, Georges Simenon faisait faire son pain, son vin. Il y séjourna de février 1932 à décembre 1934. Il aurait bien voulu acheter mais le propriétaire de l’époque, Georges Micou, ne voulut pas lui vendre.
Un métayer s’occupait des terres et sans doute aussi du cheval avec lequel l’écrivain parcourait la campagne et allait à La Rochelle pour s’attabler au café de la Paix et observer les clients pour trouver des personnages à ses futurs romans. Entre ses différents brefs passages dans la région, son séjour à La Richardière puis quelques années plus tard à Nieul, près du Pas de l’Assassin (ça ne s’invente pas), Georges Simenon aura écrit quelque 34 romans ou nouvelles inspirés du pays rochelais (lire ci-contre). Mais, sans doute pour préserver lui aussi sa vie à La Richardière, il en fera peu état directement dans ses livres. Tout juste peut-on deviner dans cette description du « Testament Donnadieu » qu’il en a fait le cadre de vie de la famille Donnadieu :
« ce bâtiment de pierre grise avec sa tour coiffée d’ardoises, autour duquel une allée de marronniers, un petit parc, puis, serré, touffu, humide, coincé entre de vieux murs, un bois en miniature, deux hectares de chênes, domaine des araignées et des serpents. » |
Les amis de La Richardière
Dans « Coup de vague » qui s’inspire de la vie des mytiliculteurs taisants du bord de mer voisin, il y fait également allusion en évoquant l’ouverture de ce parc privé au public. Pure fiction à l’époque. Mais Jane Anne exauce son vœu quelque quatre-vingts ans plus tard.
« J’ai commencé par des journées portes ouvertes. Mais elles ont eu trop de succès. Quand on reçoit 500 visiteurs en une journée, c’est comme si on ne recevait personne. J’ai donc décidé d’abord de participer au Printemps des poètes. Et puis maintenant, d’ouvrir parc et dépendances, chaque mercredi après-midi (1). » Créée fin 2012, l’association des Amis de La Richardière permet de mener des actions caritatives en lien avec Jane Anne. Malgré sa longue histoire et la beauté de son cadre, la gentilhommière de Marsilly n’est ni classée, ni inscrite au patrimoine. « Je ne le souhaite pas. Je veux rester libre », sourit Lady Anne de La Richardière.
www.larichardiere-marsilly.com
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